Jane Foster | I am Thor. The Goddess of Thunder.

Le réveil hurla sa sonnerie stridente dans ses oreilles et Jane tâtonna tant bien que mal sur ta table de chevet, avant de pousser un soupir quand elle entendit son réveil se fracasser sur le sol. Et merde. Réussissant à se lever, la doctoresse s'assit sur le bord du lit, essayant de lutter contre la nausée qui la gagnait. Elle rassembla ses forces pour calmer son estomac nauséeux et après quelques minutes qui lui semblèrent une éternité, son envie de vomir finit par passer. Encore une journée de plus au paradis. Mais elle ne pouvait pas se laisser abattre. Le monde n'allait pas s'arrêter de tourner parce qu'elle était malade, surtout ces derniers temps. Les Skrulls guettaient la moindre faille dans les défenses de ceux qui essayaient encore de les empêcher de prendre le contrôle total de la planète et elle faisait partie de ceux qui avaient la lourde charge de tenir la ligne. À plus d'un titre.
Alors qu'elle se dirigeait vers la cuisine pour essayer d'avaler quelque-chose de consistant, elle s'arrêta devant le cadre posée sur le meuble ou elle rangeait ses vêtements. Et comme bien souvent lorsqu'elle posait les yeux sur la photo qui se trouvait dans le cadre, elle fut gagnée par une profonde tristesse. Cela faisait plusieurs années, mais elle avait l'impression que c'était hier que son fils et son ex-mari étaient morts dans cet accident de voiture. Le plus souvent, elle regrettait qu'ils ne soient plus là. Ces derniers temps, elle se surprenait à les envier. Des pensées aussi sombres que malsaines qu'elle chassait aussi vite qu'elles étaient venues. Elle ne pouvait pas se laisser aller. Elle ne devait pas abandonner. Aussi difficile que soit sa vie. La photo juste à côté n'était pas beaucoup plus joyeuse en termes de souvenirs. Thor. Jane et le prince d'Asgard avaient un passif aussi lourd que compliqué, en particulier si on rajoutait les multiples fois où Thor s'était retrouvé dans le corps d'un être humain. Mais cette histoire avait fait de Jane la femme qu'elle était aujourd'hui, tout comme la mort de ses proches ou son choix de faire de se consacrer au service des autres en faisant des études d'infirmière.

Ouvrant le frigidaire, Jane attrapa une bouteille de jus d'orange avant de refermer la porte, tombant au passage sur le post-it ou était marqué la date et l'heure de sa prochaine séance de chimiothérapie qui était pour le jour même. Encore une nouvelle séance de torture médicamenteuse qu'elle avait du endurer en restant assise bien sagement dans un fauteuil, dans une des nombreuses salles du service d'oncologie de l'hôpital. Mais c'était un mal nécessaire si elle voulait espérer pouvoir dire adieu à ce cancer qui lui pourrissait la vie. Enfin si la chimiothérapie ne la tuait pas avant. Le cancer la mettait lentement à genoux, mais le traitement pour lutter contre ce dernier n'était pas beaucoup mieux. Jane en était arrivée à un stade où elle considérait une nuit sans se ruer dans la salle de bains pour rendre ses tripes comme une excellente nuit. Elle se souvenait encore trop bien de l'époque où elle était une petite fille et où c'était sa mère qui était dans un de ces fauteuils, à être gavée de poisons dans l'espoir de tuer les cellules cancéreuse de son corps. Et elle détestait être à la place de sa mère, à voir les gens la regarder avec pitié.
Alors qu'elle essayait de petit-déjeuner comme elle pouvait, Jane regardait sans trop d'intérêt la télévision, qui continuait de débiter des informations sur l'avancement de la guerre contre les Skrulls. Ces salopards à la peau verte avaient prit tout le monde de court en profitant du fait que les gens étaient trop occupés à gérer ses petites affaires. Trop de feux à éteindre à gauche et à droite pour faire attention à la menace qui était tapie dans l'ombre. Enfin pour la défense des super-héros et du gouvernement, comment auraient-ils pu deviner ce qui se tramait quand on parlait d'une race de métamorphes qui préparaient leur plan depuis dieu seul savait quand? On parlait d'êtres qui étaient capable de prendre l'apparence de n'importe qui, jusque dans les moindre détails. Et la paranoïa ambiante n'aidait pas. Tout le monde voyait un Skrull dans son voisin. Comment pouvait-on faire front uni quand on s'imaginait voir des saboteurs Skrulls prêts à frapper derrière chaque personne?

Inconsciemment, le regard de Jane se posa sur le marteau posé dans un coin du salon. Son marteau. Qui l'avait choisi elle. Jane ignorait encore comment c'était possible. Tout ce qu'elle savait, c'était qu'un beau jour, elle s'était sentie comme attirée. Et elle l'avait trouvé là, dans une ruelle crasseuse. Ce qui restait de Mjolnir. Des fragments de métal éparpillés sur le sol et un manche en piteux état. Mais dès qu'elle l'avait touché, il avait retrouvé sa forme d'origine à deux trois détails près. Et Jane s'était senti puissante. Et vivante. Comme jamais auparavant, même avant qu'elle n'ait son cancer. Toute cette force, toute cette énergie qui circulait dans ses veines, c'était incroyablement grisant. Elle qui était si faible, si fragile quand elle était Jane était capable d'accomplir des merveilles en tant que Mighty Thor. Et elle ne se privait pas pour le faire. Parce qu'elle avait une responsabilité envers les habitants de la Terre. Elle avait le pouvoir de changer les choses, de faire le bien autour d'elle et de mettre des bâtons dans les roues des Skrulls. Personne ne savait pour cet aspect de sa vie, pas même Thor. Ça n'était pas l'envie qui manquait de lui avouer pourtant, mais à chaque fois qu'elle songeait à le faire, elle trouvait toujours une excuse pour repousser l'échéance. Peut-être que l'accueil qu'elle avait reçu quand elle s'était révélée aux yeux du monde l'avait refroidie par rapport au fait de révéler qui se cachait sous le casque. Ironiquement, Asagard avait fait preuve de bien plus de sympathie à son égard en la considérant comme l'une des leurs, alors même qu'Odin avait refusé catégoriquement qu'elle épouse son fils parce qu'elle était une mortelle.
Alors qu'elle posait son verre dans l'évier avec l'intention de le laver un peu plus tard, elle entendit soudain des coups de feu qui venaient de la rue en contrebas. S'y rendant le plus vite possible, elle aperçut une voiture de police qui roulait toutes sirènes hurlantes à la poursuite d'un fourgon blindé où des hommes tiraient sur les policiers pour les forcer à abandonner la poursuite. Le monde était à feu et à sang, mais ça n'empêchait pas des types comme ça d'essayer de profiter de la situation pour s'en mettre plein les poches. Poussant un soupir, Jane jeta un rapide coup d’œil au post-it sur son frigo. Elle allait encore être en retard pour sa séance de chimio. Tendant la main en arrière, Mjolnir s'anima aussitôt pour venir trouver sa paume tendue et elle se jeta dans le vide quelques secondes plus tard, partant à la poursuite des voleurs.