(shuri) iron man is so last century, welcome to 21st century, wakandan style

Agitation pugnace. Mort au bout des naseaux, ambiante, poignante, reine détenait les rênes. Le brouhaha d’un tout et d’un rien à la fois. Ouïe rendue muette se traînait difficilement comme un corps malencontreusement amputé et gisant sur le sol le moindre répit à son agonie. Palpable comme canicule anormale, telle étuve qui se refermait un peu plus chaque seconde. Le morbide prenait le pas de la réalité. Consumait le peu d’humanité, faiblesse d’un espoir vain, laissait place à l’inévitable. Poussière environnante gravitait pour une seconde peau, étouffait les pores, telles meurtrissures de ce qui partait en volutes grisonnantes et ne laissait entrevoir que brume aveuglante. Rien n’épargnait les sens mutilés dans les affres d’une guerre déclarée sans qu’aucun n’eusse pensé un instant qu’elle viendrait frapper à la porte. Frères, sœurs, il n’était plus que l’heure de la retraite. Étendard embrasé, embrassait rédemption d’une ère révolue. Sacré s’évanouissait et le foyer hurlait. Il hurlait douleur. Il crachait ensanglanté. Cruor déjà fossile. Il repoussait limites jusqu’à en perdre connaissance.


Enfant qui courait à l’horizon. Plaines en terrain de jeu, et ses rires juvéniles moquaient les frangins, trois plus âgés qu’elle, petite dernière à l'abri des regards, à l'abri des tracas des plus grands. Princesse Shuri, fille de T’Chaka. Feu roi du Wakanda. Feu panthère noire à la force incommensurable et qui pourtant a fini par trouver la mort… Sa mère Ramonda, deuxième épouse de la royauté, embrassait et chérissait chacun de ses enfants, qu’ils fussent de sang, ou non.
Deux frères l’entouraient encore à cette époque. Hunter avait été recueilli quelques années avant la naissance de la benjamine. Bambin sans parent, sans identité, sans foyer, sans aucune importance. Trouva grâce aux yeux du roi qui avait fait de lui sa pupille, premier d’un tout qui, malgré lui, fut bien vite détrôné de son piédestal. Arrivée de T’Challa, messiah, dans les yeux de la reine mère d’autrefois, N’Yami, se trouvait alors préciosité qui n’avait nul égal. Jusqu’à ce qu’elle eût rendu son dernier soupir. Celui qu’elle légua volontiers par amour pour la chair de sa chair. Le chagrin accablant le roi ne vit pourtant aucun barrage à la fierté qu’il avait pu avoir en tenant son héritier entre ses doigts. Peuple endeuillé trouva nouvelle régente autant respectée qu’acceptée et ainsi enfante fut dernière héritière au trône.

Pourtant les lois qui régissaient le Wakanda ne semblaient être celles de nulle part ailleurs. Sur ces terres sacralisées par nombre de générations auparavant, une seule et même famille dans les cœurs, vouées au même objectif de protéger ce qui était légué par les ancêtres et le métal inaccoutumé aux abris des influences du monde extérieur. Alors le Wakanda s’était enfermé, ne laissant qu’une pâle hérésie transparaître à travers le plafond de verre. Histoire prouva à tous ces rois qu’aucun de ces peuples en dehors du leur n’était que de moins en moins prêt à recueillir les avancées technologiques et tout le savoir construits grâce au Vibranium. Indéniablement le plus surprenant, dont la résistance n’avait de similitude avec aucune autre. Des siècles durant seuls les wakandais demeurèrent gardiens de ce secret et vécurent dans la réclusion la plus sévère pour protéger les monts dans lesquels regorgeait le matériau.
Cependant, ce n’était pas le seul silence défendu par le peuple d’Afrique de l’Est qui n’était regardé depuis les hauteurs que s’étaient construits les pays, disaient-ils, développés. Des indigènes tout au plus, discréditaient-ils, par la simple volonté du Wakanda de les laisser dans l’ignorance la plus totale. En effet, le pays entier était connu, surtout des occidentaux, comme croyants d’une déité des plus singuliers : Bastet, le dieu panthère. Là encore, derrière les apparences dissimulées sous les nez de tous, se trouvaient une puissance dont personne n’aurait pu rallier avant même cette ère où le sérum du Super-Soldat n’avait pas encore accédé à la création de leur super-héros. Pourtant à des lieux du continent américain, moins de l'européen, le peuple wakandais, lui, entretenait une relation étroite avec ce dit dieu depuis les temps immémoriaux, Bastet, sa force, ses capacités, son savoir à un élu afin qu’il s’attèle aux lourdes tâches de gouverner et sauvegarder ses terres.


Temps dévoilé, ne pouvait plus se cacher. Trop durée supercherie qui avait dupé le monde entier. Menace à leurs portes, dont le bouclier d’énergie cinétique canalisée par le vibranium exploité par les wakanda. A cette époque déjà, la princesse s’était rangée parmi les ingénieurs du pays, n’avait-elle qu’à peine quatorze ou quinze ans, gosse avait fait bien plus que beaucoup des dits les plus savants de ces terres. Fierté de petits bijoux qu’elle s’était inventée. Ô jamais prononcés les mots qui excusaient cette obsessionnelle aptitude à faire tout ce qu’elle voulait de la technologie wakandaise et des ressources qui lui étaient offertes grâce au métal de son pays. En effet, jouvencelle trouva refuge pour l’abandon de sa mère. Envolée tandis qu’après une -trop- longue période de culpabilité, père avait donné à son infante de quoi occuper son esprit. Passion, facilité, simplicité, génie d’un intellect qui ne demandait qu’à être exploité, lorsque les entraînements auprès des Dora Milaje -dite “Adorées” du roi- dont les rangs demeuraient à la protection de la royauté, se terminaient en quelques blessures bleutées et autres fractures parfois, Shuri allait automatiquement s’atteler à ses recherches. Tantôt sur le vibranium, tantôt sur la nano-technologie, informatique, énergie cinétique, physique, chimie, biologie, mécanique ou encore chacun de ces éléments ensemble donnant de nouvelles combinaisons qui la fascinaient et dont la maîtrise lui parut d’autant plus naturelle. Elle fût allée jusqu’à l’armement, les systèmes de défense, puis le nucléaire, tout fut passé en revue du commun des mortels, au nom de la soif d’apprentissage d’une adolescente, connaissances alliées à l’alliage qui faisait de son foyer le plus développé qui pouvait exister sur Terre.

Les coups se faisaient de plus en plus puissants. Obus fracassés sur ce mur qui puisait sa puissance dans les mouvements, rendant alors jusqu’au double des efforts de la petite armée de mercenaires américains. Paroxysme du leurre, chevaliers s’avançaient, les tours en approche, mais ne savaient que le fou surplombait déjà le roi de son échec et mat. De parure à la panthère au pelage abîmé, protecteur logea cette balle visée en son cœur. Il était connu par le gouvernement américain, mais pas pour être un excellent tireur, Klaw. Ulysses Klaw. Patronyme hanta dès lors les terres du Wakanda car cette fois, il n’avait pas manqué sa cible.

Le roi était mort.


Impératrice silence plainait son courroux au-dessus des têtes du peuple wakandais. Oiseaux d’augure laissaient à leur roi régent, oncle du prince et de la princesse, S’Yan, la poigne soignée de jauger les deux combattants tout juste en âge de monter dans l’arène. Comme chaque année se déroulait l’une des coutumes les plus respectées et les plus attendues ici-bas : Le duel pour quiconque souhaitait défier le roi en combat singulier pour le titre de Black Panther et de gouverneur par la même occasion.
Jour était arrivé pour T’Challa de monter sur le trône. Hunter ne s’en mêla malgré ses divergences d’opinions. En revanche, il eût fallu que la cadette, d’à peine dix-sept ans, montra crocs et griffes au devant des bras qui l’avaient tant de fois consolée. Il n’existait pas plus grand honneur que de monter sur le trône du Wakanda, cela, elle le tenait de son père, qui l'avait lui-même eu de son père avant lui. Que cela fusse pour l’un ou l’autre, l’enjeu qui s’y déciderait allait bien au-delà d’un pays à diriger, il allait bien au-delà des dons fabuleux de Bastet, le dieu panthère, il en allait de l’héritage de leur défunt sang paternel, qu’ils partageaient avec la plus grande fierté.
Respect mutuel aux coins des lèvres, à ces sourcils qui se fronçaient en une ligne sur leurs fronts, en leurs muscles contractés. L’eau de la cascade rythmait d’une linéarité la fréquence de cette attente longue et douloureuse, car à chaque goutte qu’elle entendait s’échapper de son rocher c’était un souvenir de son grand frère qui la retenait. Etait-ce pareil pour lui ? Longtemps durant Shuri se demanda si en cet instant elle n’avait été que trop faible pour aller chercher le rêve qui l’incombait depuis le départ de T’Chaka parmi les anciennes panthères dans le monde des esprits.

Premier coup à portée de poing, vivacité mais nulle puissance. Rapidité de la retournée qui fit de la princesse plus que l’ombre de son frère. D’abord au sens littéral lorsqu’elle réussit à porter une part du corps bien plus lourd que le sien et le fit basculer. Mais à peine quelques traînées dans l’eau de la cascade suffirent seulement à ce que T’Challa coince le buste de sa petite sœur adorée dans les maigres profondeurs de leur ring. Un râle qui l’empara, les larmes montèrent, allant jusqu’à se confondre dans les eaux douces. Seul le nouveau roi proclamé à cet instant ne pouvait voir combien la peine brisa le regard d’une princesse guerrière qui voyait son rêve s’envoler, accompagné de ses forces qui l’abandonnaient.
Qu’allait-elle bien pouvoir faire maintenant qu’elle n’avait plus rien ?


Souffle saccadé, résonance dans la grotte, office d’une bataille qu’elle ne pouvait perdre. Les années passées à travers le globe, partout ailleurs sauf au Wakanda l’avait peut-être un temps soit peu ramollie, pourtant la princesse Shuri pouvait probablement paraître bien plus farouche qu’auparavant. L’enfant s’était endormie, aujourd’hui jeune adulte, l’ingénieure qu’elle était avait été reconnue partout à travers le monde, sans jamais dévoiler provenance de cette jeune étudiante qui était partie parfaire ses connaissances. Son retour forcé par T’Challa avait mis quelque plomb dans l’aile de la benjamine.
Klaw était de retour. Et il n’était pas seul.

Le goût ferreux dans la bouche, de cette traînée rougeâtre qui leur était commune dans la continuité de leurs arêtes nasales, la wakandaise paradait de ses gantelets en vibranium conçus pour relâcher différentes puissances cinétiques à courtes ou moyennes distances. Tout ce qu’elle espérait, c'était que cela serait suffisant face à Igor Stanchek, un homme radioactif envoyé là par Klaw lui-même, objectif encore à atteindre pour l’homme de main. Il ne lui fallut pas beaucoup plus de temps pour comprendre que par ses pouvoir si particulier tâche des plus funestes avait été déléguée au surhumain.
Alors deux possibilités s’offraient à la princesse du Wakanda : La première impliquait la destruction en chaîne de son pays entier, voire peut-être même au-delà de ses frontières. En effet, la radioactivité à grosse échelle viendrait provoquer l’alliage d’énergie pure du Mont Vibranium provoquant alors un cataclysme sans précédent. Ou bien, Shuri parvenait à endiguer la menace dans l'œuf et à neutraliser Stanchek.

Rage aux abords de chacun de ses pores, tantôt immaculés, tantôt ensanglantés, il n’était plus question de laisser davantage de sommation, sous peine que la terre tremblante sous ses pieds, manquant de la faire tomber dans une crevasse ne soit que de plus en plus violente pour les prochaine. Qu’était-elle prête à sacrifier ? Elan enclenché, les deux gantelets aux lueurs bleutées brandis, elle savait pertinemment quel impact attendait Igor Stanchek. Dextres tentèrent de réduire à néant l’essai mais l’habileté acrobatique de la wakandaise avait eu le temps d’être perfectionnée et elle vint écraser de tout son poids les épaules de son assaillant. Les genoux brisèrent leurs appuis, tombant en un fracas sur le sol qui résonna d’une différente manière, tandis que le temps sembla s’arrêter. Deux poings armés du vibranium en action étendus à bout portant du visage russe. Héritière de la panthère. Héritière de ce territoire, ne l’aurait sacrifié, pas avant le prix de son âme.
Puissance se relâcha.
Les sanglots en suivirent d’une jeune femme qui avait pris vie entre ses mains, d’aucun réconfort ne fut qu’elle avait surtout, dans la panique de l’instant, dans la peur, trouvé ce sentiment aussi grisant que terrifiant.


Envergure dérisoire, n’avait jamais connu pareil fléau. Frère et sœur en catastrophe, dépassant jusqu’à l’entendement. Dévoration irréversible. Étouffant brouhaha habita les oreilles de la princesse étendue sur le sol chaud, terne, dont sécheresse n’avait jamais posé l’emprunte jusqu’à présent sur les terres du Wakanda. La Générale de l’armée reprit doucement ses esprits, tandis qu’elle cherchait déjà son roi de la silhouette noiraude traînant comme une ombre pour qu’enfin il éloigne catastrophe.

C’était trop tard.
Tout était trop tard.
Ils avaient tous échoué, tous autant qu’ils étaient.

Comment Shuri n’avait pu le voir dans les yeux de sa meilleure amie G’Mal. Dans ceux de son cousin T’Shan. En les Desturis qui s’en étaient pris au pouvoir de leur souverain. Larme s’échappa. Elle aussi était asséchée par les poussières qui s’élevaient encore sous les rayons qui provoquaient cratères et crevasses sur la terre de ses ancêtres. La deuxième. Elle aurait dû s’en douter. Troisième. Elle aurait dû être toujours plus vigilante. Quatrième. Rôle unique, rendant fière et orgueilleuse pauvre gamine à l’incompétence. Cinquième. Et les soldats. Combien de Dora Mijale. Combien de ces guerriers au corps et l’âme sacrifiés pour la sienne. Sixième. Sacrifice aurait dû être sien pour tous les épargner. Septième. Son frère. Huitième. Sa mère. Tout juste libérée de sa geôle, vérité dévoilée d’un enlèvement pour faire dépérir le royaume du Wakanda dépourvue de sa mère, de sa reine. Neuvième. Son peuple. Combien avait été remplacé, combien trouva la mort. Flot inarrêtable de l’aqueux salé, sali, insalubrité de ce corps qui s’effondra.

Le Wakanda était tombé aux mains des Skrulls, trouvant en la puissance du vibranium un point stratégique. Aux yeux de la princesse, un foyer incendié, souillé, qu’elle n’avait su protéger.


« Agent Barnes. Agent Romanoff. »
Rictus se dessina sur le visage de la wakandaise tandis qu’elle fermait déjà les interfaces en trois dimensions sur lesquelles elle travaillait la maquette d’une nouvelle tête chercheuse pour de la reconnaissance thermodynamique longue portée puisque jeunette au génie scientifique s’était une nuit demandée si il ne leur serait pas plus efficace de retourner à certains classiques de la science puisque leurs ennemis se trouvaient être des sortes de reptiles grandeurs natures pouvant changer de forme. Mais assurément, leurs caractères biologiques ne pouvaient être similaires aux humains. S’ils en avaient eu au moins l’apparence, ils ne pouvaient tromper la chaleur, ou dans leur cas si faible, dégagée par chaque corps.

« Pas un mot, je sais très bien ce que vous êtes venus chercher, et j’ai exactement ce qu’il vous faut ! La dernière pointure de la technologie. Garanti de se la péter devant vos petits copains qui utilisent encore la petite mécanique de Stark. »
Présomptueuse masqua faussement d’un ricanement ses intentions, compétition déclarée pour cette jeune femme qui avait, depuis sa plus tendre enfance, travaillé des meilleurs matériaux que lui proposait sa terre natale. Trouvée ici, parmi l’encadrement stricte de la White Room tout juste ouverte alors qu’elle était d’elle-même venue proposer ses services, de bonne grâce. Elle savait chacun de ses frères dans d’autres coins, mettant leurs pattes dans d’autres desseins dès lors que la benjamine avait longtemps cherché sa propre rédemption. Son pardon. Celui qui la guiderait de nouveau jusqu’aux terres sacrées du Wakanda et ferait d’elle la digne Reine qu’elle avait toujours rêvé d’être.

Pour le Wakanda.